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Le Professeur Cheng Man Ch'ing

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Petit par la taille, grand par l'esprit, le Professeur Cheng, venu enseigner à New-York dans le milieu des années 60 et pendant 10 ans, a laissé dans son sillage un inestimable trésor à tous ceux qui s'intéressent d'un peu près au Taï-Chi.

Une des richesses de l'enseignement du Professeur Cheng est d'avoir transmis le Taï chi avant tout comme un art de vivre et une discipline spirituelle amenant progressivement vers ce qu'il appelait "ça", parlant de l'essence du Taï Chi.

N'excluant ni la technique de santé, ni l'aspect martial, il était également médecin, lettré et artiste (peintre, poète et calligraphe).

Disciple de Yang Chen Fu pendant 7 ans., il mourut à Taïwan à l'âge de 75 ans.

 

Quelques unes de ses paroles :

 

" Votre corps doit être entièrement relaxé, détendu et ouvert, de manière à ce que le chi puisse le traverser librement "

 

" Eliminez la force dure dans la poussée des mains, mais soyez consistants dans la détente, ni trop durs, ni trop mous "

 

" Etre relaché ("Sung") inclut bien sûr une pratique assidue de la vigilance. De cette détente résulte une intention, une forme de "passivité active". Le relachement conditionne et engendre en fait votre liberté de mouvement."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CHENG MAN CH’ING,
UN GRAND PETIT HOMME

Article entier

 

Petit par la taille, grand par l’esprit et la culture, le Professeur Cheng Man Ch’ing venu enseigner à New York dans le milieu des années soixante et pendant dix ans, a laissé dans son sillage un inestimable trésor à tous ceux qui s’intéressent d’un peu près au Taï-Chi.
Une des spécificités du Professeur Cheng est d’avoir transmis cette technique avant tout comme un art de vivre et une discipline spirituelle, amenant progressivement ses élèves vers ce qu’il appelait « ça  », nommant par là l’essence du Taï-Chi. Il enseigna cet art à la fois comme méthode de santé (il était médecin) et technique d’auto défense reléguant toutefois la compétition aux arts externes. Il était également artiste (peintre, poète, calligraphe) et lettré.
Disciple de Yang Chen Fu pendant sept ans, il fut guéri de la tuberculose grâce au Taï-Chi (il soigna par ailleurs l’épouse de son maître.)
Il s’est éteint à Taïwan à l’age de 75 ans après avoir donné pendant ses dix dernières années d’enseignement le meilleur de lui-même.

 

RELACHER

« Votre corps doit être entièrement relaxé, détendu et ouvert, de manière à ce que le chi puisse le traverser librement » enseignait le Professeur Cheng et il ne se passait pas une séance sans qu’il ne fasse allusion à cette détente.
« Eliminez la force dure dans la poussée des mains, mais restez consistant dans la détente, ni trop dur, ni trop mou. » Etre relâché (« sung ») inclut bien sûr une pratique assidue de la vigilance. De cette détente résulte une intention, une forme de passivité active.
Le Taï-Chi n’est jamais su, jamais acquis, nous restons toujours élèves à travers une écoute de plus en plus subtile et si quelquefois un geste juste fait surface ou si une poussée a été réussie c’est que nous avons laissé place à « ça », quittant pour quelques instants le balcon de notre personnalité. Le geste juste se produit alors à travers nous.
Une des fonctions du chi est de circuler, il est mouvant de par nature, c’est même sa raison d’être. La sensation expérimentée restera fugitive et devra être aussitôt abandonnée afin de laisser la porte ouverte à son retour éventuel. Si nous voulons le retenir, le « ça » s’efface. Ne rien vouloir garder pour soi est un des grands principes que bien peu de personnes parviennent à atteindre. Nos réflexes sociaux nous invitant toujours à acquérir, conquérir, obtenir, collectionner, réaliser mais jamais à « investir dans la perte » un des grands chevaux de bataille de l’enseignement du Professeur.

 

SOUPLESSE ET DOUCEUR

Le Taï-Chi rend le corps et l’esprit doux et souples. La poitrine s’efface légèrement amenant le centre de gravité dans une sensation tranquille et forte de relation à la terre. Le souple surpasse toujours la force dure, celle qui veut gagner. La force véritable réside précisément dans le lâcher-prise qui lui-même rend le corps pesant et enraciné. C’est ainsi que le Taï-Chi devient substantiel.
Cultiver cette force douce et relâchée, non édulcorée est la meilleure manière d’entrer en contact avec plus grand que soi, d’éprouver la force vraie impersonnelle et libre…Une des qualités qui nous rapproche du Tao.
C’est par la détente que nous construisons nos racines avec la terre. Comme dans un idéogramme calligraphié où l’on trace d’abord le trait horizontal avant d’ériger la verticale. De cette qualité d’enracinement et d’intimité avec la terre découle la connexion avec des plans d’énergie plus subtils.
Lorsque le Professeur Cheng proposait à ses élèves d’investir dans la perte, il savait bien qu’il plaçait la barre très haut. On s’allège dans la vie en lâchant du lest, on se libère en ôtant les vieilles écorces. De même l’énergie ne peut circuler que lorsque les canaux sont dégagés, quand les portes sont ouvertes.

 

LE CHEMIN

L’être humain se doit de fonctionner comme un canal désencombré de ses anciens mécanismes parfois surpuissants. Ainsi l’étude du Taï-Chi ne peut que s’accompagner d’un travail sur soi.
Plus nous évoluons dans la pratique, plus nous découvrons chaque mouvement comme une petite révélation. Le geste, totalement solidaire du reste du corps, soutenu par le Yi (l'intention), se joue sans effort. On assiste alors à l’écoulement de la Forme à travers soi « nous ne faisons pas du Taï-Chi, nous devenons Taï-Chi » se plaisait à dire le Professeur Cheng.
Pour y parvenir les règles sont strictes: enracinement constant au centre des pieds, jamais de double poids, les mains sont reliées à la base et le Jung Yung, la verticale, tenue sans tension avec la tête en suspension dans le ciel: « porter la lune comme un chapeau».
Alors le flux de chi se révèle au moment du lâcher-prise et le « ça » apparaît. Plus le chi se manifeste, plus il devient un maître exigeant en détente. Nous sommes alors les obligés du chi sur la Voie, le Tao.


Le chi nous aide ainsi à poursuivre notre alchimie interne. Le Professeur désignait le niveau ultime en ces termes :

« l’Eveil,  c’est la compréhension de l’énergie.»
Simplicité et efficacité sont les caractéristiques de l’enseignement de Cheng Man Ch’ing, le bien nommé « Maître des cinq excellences », un des principaux pionniers du Taï-Chi en Occident dont l’enseignement est resté vivant dans ses écoles.

 

Oshen

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